Pourquoi le Kirghizistan ?

Pourquoi partir au Kirghizistan ? La question nous a été posée souvent… sans qu'on ait de réponse satisfaisante. Alors nous y avons réfléchi. Et voici l'explication, par Alexis.

Le fondement de notre motivation est né d'un déclic. Habitués à "faire de la montagne" dans les Alpes, quel que soit le type de sport (marche, alpinisme, escalade, ski…), un terrible constat s'est un jour imposé à nous : il n'est plus possible de trouver un paysage dans lequel on ne voit pas d'éléments humains. L'homme laisse des traces partout : antennes, routes, chemins, champs, constructions, stations de ski, déchets… Même les cieux sont sillonnés en permanence par les trainées des avions.

Les paysages naturels sont de plus en plus abîmés, dénaturés, enlaidis, détruits par les activités humaines. Dans un pays comme la France, je mets quiconque au défi de trouver un point de vue duquel, à 360°, on ne peut voir aucune dénaturation humaine. Même au plus profond des Alpes.

Et les tentatives de sauver ce qui peut encore l'être, par l'intermédiaire des Parcs Nationaux, sont tout simplement pitoyables. Juste avant de partir au Kirghizistan, nous sommes allés faire l'ascension d'un sommet dans la Vanoise, en 2 jours. Quelle ne fut pas notre surprise lorsque, sacs au dos en entrant dans le Parc National, nous voyons un écriteau sur lequel figurait (c'est une nouveauté) l'interdiction formelle de faire du camping ou du bivouac, même loin des chemins. La panneau expliquait que ça abîmait les sols…

C'était surnaturel : nous venions juste de passer en voiture par Val d'Isère. Nous venions de voir ces barres d'immeubles gigantesques, défigurant la vallée, ces pistes taillées dans la montagne pour la pratique du 4x4 "sportif", la station de Tignes avec ses pylônes de téléphérique érigés à 3500 m d'altitude, en haut d'un des plus beaux sommets du massif. Nous nous étions garés juste devant une montagne littéralement lacérée de bas en haut par une énorme pelleteuse pour permettre l'installation de lignes électriques destinées à la station. Plus loin, se trouve le col de l'Iseran par lequel était passé quelques jours auparavant le Tour de France, laissant à 2700 m d'altitude, dans l'un des plus beaux paysages montagneux des Alpes, des tonnes et des tonnes de déchets en plastique sur les bords de la route. Quelques vallées plus loin, je savais que se trouvait le refuge de la Vanoise, maintenant transformé en resto-bar d'altitude, avec des parasols plantés au pied de la Grande Casse et le gros 4x4 du "gardien" parqué au beau milieu de la réserve naturelle…

Et là, à l'entrée du chemin, un panneau venait nous faire la morale en nous expliquant que nous allions abîmer le sol avec notre sac de bivouac. Ça nous a donné envie de nous enfuir.

                         

Nous avons quand même fait le sommet. Et nous avons quand même campé dans le parc. J'apprendrai quelques mois plus tard qu'en fait, le camping était quand même autorisé, mais juste à côté des refuges, en payant 5 € au gardien. Les pays occidentaux sont dégénérés, il n'y a pas d'autre mot.

Voilà pourquoi nous sommes partis au Kirghizistan : nous sommes partis trouver la nature encore vierge, ou tout au moins, trouver des gens qui savent encore vivre avec la nature. Des gens qui n'ont pas cherché à adapter l'environnement à eux, mais qui se sont adaptés à l'environnement.

                         

Comments

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Je comprends bien mieux votre désir d'aller là bas.

Un ras le bol du bouffonesque de la situation de la "nature" en france : (pas camper dans les parcs naturels alors que des pans entiers de montagnes sont saccagés pour de la consommation de sport et de loisir).

Tout à fait d'accord aussi sur votre constat de l'état des lieux après le passage du tour de france : horde de pourceaux qui choisissent de superbes parcours pour en faire des décharges de leurs propres déchets.
S'en foutent, ils sont que de passage...
Le vélo, un sport "propre" ?
Pas à leur façon...

M'enfin, tempérez votre enthousiasme pour pas que ça donne envie aux gorets d'aller là bas pour y organiser des "treks-conso-poubelles" ou un "tour du kirghistan" afin de pourrir un des derniers coins propres de la planète...

Bravo pour l'aventure personnelle.